Médiation animale/Zoothérapie
La médiation animale ( ou « zoothérapie » dans les pays anglo-saxons) consiste à faire intervenir un animal auprès d’une ou plusieurs personnes en situation de fragilité pour susciter des réactions favorisant le potentiel cognitif, psychologique, physique ou social. L'objectif est de maintenir ou d'apporter un bien être physique et psychologique, de créer ou recréer des liens sociaux, d’améliorer l'autonomie. Il s’agit toujours de projets individualisés et d'objectifs opérationnels élaborés avec les accompagnants (psychologue, éducateur, équipe soignante, autre professionnel encadrant).
Au regard des pathologies ou des besoins, l'animal (lapin, chinchila, chien, chat, cheval, gerbille, cochon d'inde,...) est sélectionné et entraîné pendant plusieurs mois (aptitude de travail validé par un vétérinaire comportementaliste) avant d'être utilisé par un ou des professionnels spécialisés. L’animal est un intermédiaire (médiateur) dans une triangulation de relation entre le participant bénéficiaire et l'intervenant professionnel diplômé en relation humaine et spécialisé dans la médiation animale. Là où parfois l'humain ne réussit pas, la médiation animale peut obtenir des résultats.
Dans les établissements de santé, l'animal agit comme facilitateur social en favorisant la conversation, les interactions autour de sujets de conversation neutres, l'instauration d'un contact humain qui augmente le nombre et la qualité des relations (résidents, familles, équipes soignantes).
Spontanément l'animal cherche l’interaction, va vers l’autre sans jugement, sans intention, sans communication verbale. Il stimule, éveille, motive, réconforte de manière naturelle. Le contact avec l’animal apaise, met en confiance et crée un contexte favorisant le lien et la relation authentique à l’autre. L’animal est en demande de contact et d’attention et cette stimulation va permettre une meilleure concentration et un maintien accru de l’attention du patient. L'animal ne guérit pas mais permet d'améliorer un quotidien douloureux. C'est un confident qui voit et entend sans jamais rien révéler, sans juger
La médiation animale peut être utilisée dans le cadre de troubles de l’attention et de la concentration, de dépréciation de soi, de dépression, de solitude et d’isolement. Enfants, adolescents et personnes âgées (à domicile ou en institutions) peuvent bénéficier de cette approche. La présence des animaux à des effets positifs sur la santé humaine: baisse de la tension artérielle, réduction du stress, du rythme cardiaque, de la pression sanguine notamment.
La médiation animale s’intéresse aussi aux rapports avec autrui, à l’éducation ou à la délinquance et complète l’intervention des professionnels du soin : psychiatre, psychomotricien, pédiatre, orthophoniste ou des professionnels du secteur du social.
Le processus repose sur les principes suivant : permettre à la personne de vivre une expérience positive en compagnie de l’animal, ne jamais placer la personne en situation d’échec possible, évaluer au terme de chaque séance les résultats, renvoyer à la personne une image positive d’elle-même, augmenter peu à peu la complexité des apprentissages, optimiser le développement cognitif, sensoriel, social, affectif et moteur de la personne, encourager et valoriser toute initiative et réalisation.
Histoire
Au IXe siècle des animaux assistent les handicapés en Belgique (à Gheel). En 1792, William Tuke fonde le York Retreat dans le Yorkshire en Angleterre (à cette époque les malades mentaux sont traités très durement, ils sont enchaînés, enfermés, battus) en leur proposant de s’occuper d’animaux qui leur permettent de se concentrer et se responsabiliser.
Après la Première Guerre mondiale, le Pawling Army Air Force convalescent Hospital de New York utilise des chiens comme aide à la thérapie pour aider des soldats traumatisés. Florence Nightingale, fondatrice des techniques infirmières modernes, est l’une des pionnières dans l’emploi d'animaux pour améliorer la qualité de vie des patients.
L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) défini la notion de santé comme étant "un état de complet bien-être physique, mental et social". C'est un droit fondamental de l'être humain et toute action s'inscrivant dans cette démarche ne peut être que bénéfique.
En 1953, le psychiatre américain Boris Levinson va découvrir les possibilités du chien dans la thérapie notamment auprès d'enfant autiste et en lait la Pet Facilitated Psychotherapy (psychothérapie facilitée par l’animal).
D’autres thérapeutes comme Friedmann, Katcher, Lynch, Thomas vont mettre en évidence les effets de l’animal sur la santé : le simple fait de caresser fait baisser la tension artérielle et permet de diminuer la mortalité chez les cardiaques. Le Dr Serpell de Cambridge démontre que l’animal familier permet de vivre plus vieux et en meilleure santé avec chez les personnes âgées, une diminution des fractures du col du fémur. Voelker va prouver que l’animal suscite des réactions psycho-affectives positives et motive les personnes handicapées physiques et en résulte une amélioration des capacités psychomotrices et un soutien psychologique.
En Suisse, depuis 1989, Pascal Bianchi, psychologue et zoothérapeute a dirigé plusieurs études sur les bienfaits, les troubles liés à la maladie d'Alzheimer et la répercussion favorable de l'animal pour les patients en soins palliatifs. Les petits animaux sont tout aussi important que ce qui est constaté avec le chien. La formation en Suisse se déroule sur quatre ans avec des phases pratique et théorique
Dès les années 1990, au Québec en zoothérapie des centres de formations se crées : l'Institut Canadien de zoothérapie (Montréal), l'Institut de zoothérapie du Québec (Québec, 1993), le Symposium de zoothérapie de l'hôpital Louis-Hyppolite-Lafontaine, Zoothérapie Québec, le module de thérapie assistée par l'animal de l'Hôpital Rivière-des-Prairies (TAPA) ainsi que celui de l'hôpital Douglas. L'année 2001 est l'année de fondation de l'Association québécoise de zoothérapie. Dans les années 2000, la Fédération d’équitation thérapeutique québécoise est créée.
En France, début des années 2000, Arielle Berghman adapte son concept de la zoothérapie à l'enseignement pour la formation des professeurs ,directeurs et conseillers pédagogiques. Depuis novembre 2012, l'EAPAC (Éthologie Appliquée aux Animaux de Compagnie) est accrédité par l'État pour délivrer le diplôme de Comportementaliste-Médiateur pour Animaux de Compagnie. Auparavant la formation initiale de l'intervenant n'était pas une spécialisation reconnue officiellement.
L'Institut Français de Zoothérapie est le précurseur en France sur les formations (plus de 80% des personnes qui travaillent professionnellement en médiation par l'animal en France et à l'étranger).
La zoothérapie professionnelle repose sur les métiers de base en santé ou en social (ergothérapeute, psychomotricienne, infirmière, psychologue, médecin, aide-soignante, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants). L'intervenant en médiation par l'animal est formé professionnellement et possède des bases solides dans la connaissance des pathologies des personnes auprès desquelles il va travailler.
La séance
Les séances sont individuelles ou en petit groupe, se déroulent au sein d'une institution ou à domicile, à l'intérieur ou à en extérieur. L'intervenant veille à la sécurité et à l'hygiène des participants.
Un dialogue est établit entre la personne (ou la famille), l'équipe, l'intervenant pour présenter la démarche et définir le ou les objectifs en fonction du tableau clinique de la personne concernée. La dimension ludique est valorisée.
Cinq compétences des personne accompagnée sont stimulées: l’attention visuelle soutenue, l’élan à l’interaction, les comportements affiliatifs, l’organisation structurée et ciblée du geste, l’imitation.
Le travail de médiation par l’animal génère des interactions en rapport avec les problématiques du participant. Peu à peu se développe l’implication, lautonomie, la valorisation individuellequi sert ensuite dans la vie quotidienne ou d'autres situations. Avec le recours à l'équithérapie, le cheval est employé pour développer chez la personne, la coordination, la force musculaire, l'équilibre,... Le chien permet de pallier des déficits ou des handicaps physiques comme pour les personnes en fauteuils roulants (chiens d'assistance) ou pour les personnes non voyantes chiens guides) et procure aux personnes une plus grande autonomie tout en normalisant les contacts sociaux.
La motricité et l’amplitude s'accroissent, l’équilibre se restaure tout comme la prévention des chutes, la posture s'améliore tout comme le tonus, la respiration gagne en amplitude et sérénité, la coordination des mouvements et l'adresse s'améliorent, la dissociation psycho-corporelle se réduit, l’attention et la concentration progressent, les sens (odorat, audition, vision, toucher, goût) se remettent à fonctionner tout comme la mémoire se trouve stimulée, le repérage espace-temps et le schéma corporel tout comme la latéralisation reprennent vie, la reconnaissance et la perception des objets (gnosie) s'affinent, l’organisation du mouvement et la praxie (mouvement réalisé vers un but) s'améliorent. Un changement qualitatif s'opéère aussi dans la compréhension et l’assimilation des situations, l’estime de soi s'en trouve dynamisée et favorise la communication avec autrui, l’affect et l'émotionnel sont mieux apaisés et s'autorisent à s'exprimer.
Pour aller plus loin
Livres : "Zoothérapie : Le pouvoir thérapeutique des animaux", de José Sarica avec la contribution de Nassera Zaïd (Ed Arthaud); "L'enfant et la médiation animale - Une nouvelle approche par la zoothérapie" de François Beiger (Ed Dunod); "Des animaux pour rester des hommes", de Patricia Arnoux (Ed 7ecrit)
Sites internet : www.institutfrancaisdezootherapie.com/ ;