Méthode occulaire Bates
Les yeux contribuent à 20 % de la fonction visuelle mais le cerveau à 80 %. Et de l'état général de notre corps, si influencé par le stress mental et les émotions, dépend le bon fonctionnement du cerveau. La rétine est dotée d'environ 116 300 à 131 800 millions de cellules réceptrices sensibles à différentes nuances de la lumière. Parmi elles, 6 à 8 millions de cônes sont sensibles aux couleurs et à la forte lumière, dite lumière du jour. Les 110 à 125 millions de bâtonnets de la rétine périphérique, sont quant à eux, sensibles aux contrastes et au mouvement. Les cônes et les bâtonnets réagissent en synergie. Les yeux ont besoin non seulement de lumière mais aussi de d'obscurité et de repos.
Du point de vue de leur développement embryologique, les yeux sont une extension du cerveau. Les nerfs optiques sont en fait une des voies du système nerveux central : les yeux ne sont qu'une partie du système visuel. Ils permettent la réfraction de la lumière pour que les images que nous percevons arrivent sur la rétine et soient ensuite envoyées par les nerfs optiques au siège de la vision (cortex visuel) dans le cortex occipital.
Le développement du bébé vers l'enfance puis vers l'âge adulte s'opère en accumulant de nombreuses expériences qui, plus tard, contribueront à former ses convictions, ses principes, son " regard " sur le monde.
Il est donc important de "voir" ce que nous regardons. Or ce n'est pas le cas quand il y a stress et préoccupation. Les préoccupations mentales encombrent le cerveau et l'empêchent d'intégrer les images du monde extérieur. La mobilité naturelle des yeux en est affecté alors que pour fonctionner correctement, ils doivent être constamment en mouvement.
Le docteur ophtalmologue américain Bates comprit, sur cette base, qu'il était essentiel d'apprendre à bien gérer nos yeux. Garder les yeux et l'esprit détendus tout en maintenant notre intérêt et notre curiosité pour le monde qui nous entoure évite de tomber en maladie.
Le cortex visuel reçoit de l'oxygène et des nutriments via l'artère cérébrale postérieure qui est une continuation de l'artère vertébrale. Cette dernière monte au cerveau à travers une série d'orifices latéraux dans les six vertèbres cervicales du cou. Donc, toute modification de l'alignement de ces vertèbres (accidents, faux mouvements, manipulation du cou) peut perturber l'irrigation du cortex visuel. De la même manière, toute tension dans les muscles attachés aux vertèbres cervicales peut modifier notre capacité visuelle.
Bates a remarqué également des corrélations entre des types de personnalités et des défauts visuels particuliers : les myopes sont des gens qui ont été plutôt très anxieux, repliés sur eux-mêmes, avec une peur du monde extérieur et de l'avenir, et peu de confiance en eux-mêmes. A l'inverse, les hypermétropes sont des gens qui ont absorbés des valeurs extêrieures à eux-mêmes et qui se sont oubliés, ne voyant plus qui ils sont vraiment, dissimulés derrière une représentation. Le monde extérieur primant de manière écrasante sur leur individualité.
Toutes les contraintes de la vie, et ce depuis l'enfance et la scolarisation qui sédentarise par contrainte, vont modeler notre façon de penser, d'interpréter, de " voir " les choses, et tellement nous préoccuper que nous finissons inconsciemment par réduire le champ de notre "regard" et par voie de conséquence notre champ visuel.
Quelle est la cause d'une détérioration soudaine de la vision ? La baisse de vue initiale peut être un symptôme d'un état vécu à un moment donné. Selon cette logique, si la vue peut se détériorer, pourquoi ne peut-elle pas aussi s'améliorer ?
La méthode Bates est une série de gymnastiques oculaires qui apprend aussi à reconsidérer la façon de regarder le monde autour de soi et à prendre conscience de ce que nous regardons. Cette méthode permet d'acquérir des outils que chacun peut intégrer dans sa vie quotidienne afin de modifier le regard et donc l'utilisation des yeux.
Cette démarche consciente peut demander du temps car le résultat tangible implique l'acceptation et la volonté de changer. L'impatience n'est pas forcément la meilleure aide car alors on fait effort et on se place en tension mentale. On se mord la queue car ce stress du résultat à obtenir ne va qu'exacerber le problème originel. Sans attentes de résultat, on est ouverts au changement et à la possibilité de changements souvent là où ils sont le moins attendus.
Le simple fait d'élargir notre champ visuel par la conscience de la vision périphérique soulage et repose la vision centrale. De la même manière, la conscience d'un environnement plus large autour de soi permet de voir dans quel contexte s'inscrivent nos soucis quotidiens. Nous prenons alors du recul et pouvons relativiser les choses.
Histoire
L'ophtalmologue américain docteur W.H. Bates (1860-1931) exerçait principlement à New York et consacra sa vie à la recherche sur le système visuel, affinant la théorie de l'accommodation aux modifications physiologiques des états de stress et d'émotions négatives. Ses conclusions débouchent sur le constat que la vue est influencée par la manière dont on utilise nos yeux.
Ses recherches aboutirent à une méthode d'apprentissage constituée de techniques spécifiques.
La séance
Elle met en application les trois principes de la méthode Bates : la détente oculaire et mentale, la conscience et la discrimination de la vision fovéale et périphérique, la nécessité de mouvements qui induisent la détente
L'objectfi d'une séance est de stimuler le mouvement saccadé naturel des yeux, encourager l'intégration des deux yeux pour retrouver une binocularité optimale, apprendre à détendre les yeux fatigués et l'esprit préoccupé, élargir le champ visuel en étant conscient de la vision périphérique, devenir conscient que le point regardé (vision centrale) est plus net que tout ce qui l'entoure (vision périphérique), stimuler le mouvement de contraction et de dilatation des pupilles pour permettre une meilleure adaptation à tous les degrés de luminosité, et surtout, observer par ce travail que si nous voyons consciemment ce que nous regardons, nous ne pouvons pas nous perdre dans les préoccupations mentales.
Le praticien en méthode Bates effectue (et fait effectuer par le patient) du palming, les mains placées en coupe pour masquer les yeux de la lumière, puis est réalisé le balancement du corps en maintenant les yeux détendus sans fixer un point quelconque, puis l'imagination est appelée à la rescousse en se créant mentalement un voile noir (un noir parfait, absolu), enfin a lieu l'ensoleillement pour exposer les yeux à la lumière (du soleil le plus possible). Les exercices de cillement lubrifient, nettoient et protégent la surface extérieure de l'oeil et à lui donner les instants d'obscurité dont il a besoin.
Ces exercices peuvent ensuite être réalisés chez soi mais surtout sans se contraindre à les faire dix minutes ou une demie heure par jour, car cela irait à l'encontre de la nécessaire détente favorisant la « guérison ».
Pour aller plus loin
Livre : « Vision parfaite sans lunettes », "The Cure of Imperfect Sight without Glasses" de W.H. Bates, M.D. (Ed Central Fixation Publishing Co., New York City, 1920). Cet ouvrage du Dr. Bates (en anglais) est à présent dans le domaine public à Téléchargez ici : https://www.artdevoir-asso.fr/app/download/16144304525/Thecureofimperfectsight.pdf?t=1499880847