Les dangers du MIT et du CMIT
Méthylisothiazolinone et Méthylchloroisothiazolinone (aussi connus sous les noms MIT et CMIT) : deux noms bien trop longs pour passer inaperçus sur nos bouteilles de shampoings, savons et produits ménagers. Derrière ces noms, deux dangers pour la peau, organe majeur et à la capacité d'absorbtion optimale. Dénoncés depuis plusieurs années par différents organismes, on les retrouve encore bien trop souvent dans nos produits courants. Gros plan sur leurs dangers et leurs effets... |
Une étiquette "sans parabène" ne garantit pas un produit sans danger
L'absence de parabène est devenu un argument de vente. Mais chaque produit qui vante une formule « 0 % » est tout de même obligé de trouver un substitut, comme avec le sucre dans les sodas et la matière grasse dans la crème fraîche. Et les substituts peuvent parfois s'avérer dangereux…
C'est le cas de la méthylisothiazolinone.
La méthylisothiazolinone (MIT) est un puissant biocide et conservateur qui permet de lutter efficacement contre la prolifération des bactéries et des champignons. C'est une substance bon marché qui ne nécessite pas d'être présente en grande quantité pour être efficace. Elle est autorisée dans tous les types de cosmétiques à une concentration maximale de 0,01%.
Il est malheureusement apparu que les deux substances, biocides efficaces contre les bactéries et les champignons, possédaient à leur tour des propriétés allergènes et provoquaient des allergies cutanées au niveau du visage et des mains.
On retrouve dans la methylchloroisothiazolinone (CMIT) deux radicaux qui pris isolément, sont déjà allergènes: le “methyliso” et le “methylchloro”.Leur combinaison en multiplie les effets nocifs. La methylisothiazolinone (MIT) se dissimule également derrière le vocable “kathon CG”.
Bien connue des dermatologues, elle était très utilisée dans les cosmétiques il y a une vingtaine d’années pour son faible coût. Elle est particulièrement irritante, et la Société Française de Dermatologie attire notre attention sur le nombre grandissant d’irritation cutanée et d'eczéma suite à l’utilisation de produits contenant du methylisothazolinone. Ce composé chimique est aussi susceptible de provoquer une gêne respiratoire, notamment lorsqu’il est utilisé dans des produits d’entretien du sol.
Les dangers du Méthylisothiazolinone et du Méthylchloroisothiazolinone sont les suivants :
H331- Toxique par inhalation,
H311- Toxique par contact cutané,
H301- Toxique en cas d'indigestion,
H314- Provoque des brûlures de la peau et des lésions oculaires graves,
H317- Peut provoquer une allergie cutanée,
H410- Très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme.
[...]
En 2010, il est cité par les rapports de l'AFFSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) comme étant une des molécules les plus allergisantes et l'AFFSAPS recommandait alors d'éviter l'utilisation de ce conservateur et d'en choisir d'autres ayant moins d'effets secondaires tels que les parabens, bien que ces derniers soit soupçonnés d'être des forts perturbateurs endocriniens.
En 2013, la SFD (Société Française de Dermatologie) a communiqué sur le nombre croissant d’allergies, suite à des informations transmises par Revidal, le réseau de vigilance en dermato-allergologie : entre 2009 et 2012 le nombre de personnes ayant eu des eczémas sur le visage et les mains, dus au Methylisothiazolinone s’est multiplié par trois : le taux est passé de 1,94% à 6,02%.
Or, depuis le 3 mai 2011 les parabens sont officiellement interdits d'utilisation dans les produits cosmétiques en France ; ce qui justifie donc les nombreux emplois de cette molécule aujourd'hui par les industries de cosmétiques.
Les effets du MIT ou du CMIT :
Le méthylisothiazolinone a pour effet un eczéma de contact qui se manifeste généralement 24h à 48h après un contact de la peau mais la réaction allergène peut être parfois plus rapide. Dans un premier temps, des plaques rouges qui démangent apparaissent sur la peau, puis de petites cloques apparaissent avant que la peau ne pèle et cicatrise. De plus, il est impossible de se désensibiliser les personnes devenus allergiques aux MIT ou au CMIT. C'est donc une molécule très allergène mais également cytotoxique, c'est-à-dire toxique pour les cellules, puisqu'elle peut provoquer d'importants dommages après s'être décomposée et fixée en pénétrant dans les tissus.
L’utilisation du methylisothiazolinone est donc particulièrement problématique dans les produits qui restent sur la peau. C'est pour cela qu'en 2010, le SCCS (le conseil scientifique de la commission européenne) a étudié la question de l’association du Méthylisothiazolinone et du Méthylchloroisothiazolinone. Il a été décidé que cette combinaison serait autorisée uniquement dans des produits qui ne restent pas sur la peau, comme les shampooings par exemple, et que sa quantité serait limitée à 15 parties par million (ppm) puisque ces deux molécules ont des potientiels allergiques importants. Cependant il n'existe toujours pas de texte officiel d'application de ces recommandations selon la SFD (Société Française de Dermatologie).
Voici ci-contre un exemple de Dermatite de contact allergique au kathon CG (la solution contenant le mélange du MIT et du CMIT) :
Le mélange CMIT/MIT autorisé dans 6 catégories de produits
La Commission européenne vient de publier une mise à jour sur l’autorisation du mélange MIT/MCIT (méthylisothiazolinone/méthylchoroisothiazolinone) comme produit biocide, dans le cadre de la réévaluation des substances actives existantes.
Le mélange, autorisé en proportion (3:1) est donc autorisé à nouveau dans les produits suivants :
- désinfectants utilisés dans le domaine privé et de la santé publique et autres produits biocides
- désinfectants pour les surfaces en contact avec denrées alimentaires et aliments pour animaux
- produits de protection utilisés à l’intérieur des conteneurs
- produits de protection des liquides utilisés dans les systèmes de refroidissement et de fabrication
- produits anti-moisissures
- produits de protection des fluides utilisés dans la transformation des métaux.
C’est la France qui a été l’Etat rapporteur sur ce mélange de substances. Le Comité des produits biocides, rattaché à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a rendu des avis successifs sur les différents types de produits et usages.
Deux éléments attirent l'attention :
- L’usage en contact alimentaire : cet usage soulève des réserves, de la part de l’Agence européenne des produits chimiques. En effet, il serait nécessaire de fixer des limites spécifiques pour l’usage dans les matériaux et objets entrant en contact direct ou indirect avec des denrées alimentaires (selon la directive 1935/2004 CE qui réglemente ces usages), ou il faudrait établir que ces limites ne sont pas nécessaires.
- Le classement du mélange comme sensibilisant cutané (catégorie 1) par le règlement CLP (Classification, Etiquetage, Emballage) : les articles traités avec ce mélange doivent donc être étiquetés de manière appropriée.
Une seule solution en cas de sensibilité : l'éviction
Face à un eczéma de contact, les crèmes faiblement dosées en cortisone calment l'irritation cutanée. Mais le plus important est d'identifier la substance responsable pour éviter que la peau ne rentre en contact avec elle. Les test cutanés ou prick tests permettent de révéler l'allergène en cause.
[...]
Alors que les produits de grande consommation sont de plus en plus épinglés pour leurs compositions toxiques, des initiatives voient le jour pour aider le consommateur à y voir plus clair. Le site www.noteo.info par exemple, permet d'identifier les substances à risque dans plusieurs centaines de produits cosmétiques, d'entretiens et alimentaires.
Faut-il revenir aux parabènes ?
Les conservateurs sont nécessaires pour éviter que nos cosmétiques soient envahis par les bactéries, et les études montrent que les parabènes sont les mieux tolérés par la peau. Mais leur effet perturbateur sur nos hormones les rendent potentiellement dangereux. Toutefois les fabricants explorent les possibilités d'un conditionnement sous-vide qui permettrait d'éviter l'utilisation de conservateurs.
Un retour aux sources est encore ce qu'il y a de mieux : huiles essentielles, vinaigre blanc, citron, savon de castille, bicarbonate de soude... la Nature nous offre à portée de mains des ressources inestimables pour prendre soin de nous, et d'elle!
SOURCES :
http://tpecosmetiques1s.wikeo.fr/les-dangers-la-toxicologie-et-les-effets-du-mit-et-cmit.html
http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/7845/methylisothiazolinone-nouveau-parabene
http://www.e-sante.fr/methylisothiazolinone-dangereux-remplacant-parabene/actualite/403
http://www.oleassence.fr/methylisothiazolinone-cosmetiques
http://www.projetnesting.fr/Sur-la-trace-des-biocides-Le.html
Règlement UE 2016/131 de la Commission du 1er février 2016, approuvant le C(M)IT/MIT en tant que substance active existante destinée à être utilisée dans les produits biocides relevant des types 2,4,6, 11, 12 et 13 (http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32016R0131&from=EN)